De l'élégance à la performance : Comment la mode a érigé le sport au sommet des podiums
Des vêtements exclusivement dédiés à la pratique sportive jusqu’aux vêtements de sport adoptés au quotidien, rétrospective.
À première vue, la mode et le sport sont deux mondes diamétralement opposés. L’un incarne l’identité, élégance et raffinement, tandis que l’autre, allie effort, performance et compétitivité. Pourtant, tout les destinait à ne faire qu’un. Récit.
L’évènement sportif : quand le besoin de démonstration surpasse le goût du jeu
L'avènement du sport moderne au début du XIXe siècle se caractérise par une classification des disciplines : polo, équitation, golf ou tennis, tous représentent alors un moment de rencontre, aussi bien sportive que sociale. Initialement, le sport se réserve à une élite, la classe bourgeoise. Ceux pour qui, participer à une course hippique, un tournoi de tennis ou un match de polo sont des occasions de se montrer plus que d’assister. Un besoin de se distinguer aux yeux de tous plutôt que de célébrer la victoire du jeu. Au cœur des hippodromes, ombrelles, longues robes et costumes trois pièces sont de mise. Cocktail dans une main, éventail dans l’autre, ces évènements sportifs servaient de prétexte à la haute société pour se rassembler, échanger et surtout, souligner sa classe sociale. Un intérêt plus tourné vers les mondanités que la compétitivité.
Penser la mode par le sport : une stratégie
Ce n'est qu'avec l'émergence de la compétition, avec notamment le lancement des paris sur les équipes qui s’affrontent, que la recherche de la performance se développe. Qui dit performance dit, en partie, praticité. Quel meilleur allié pour se sentir libre de ses mouvements et pouvoir affronter sans distraction son adversaire ? Le vêtement.
Ce n’est pas sans rien si la création des premiers vêtements dédiés au sport est symbolisée par la « chemise Lacoste ». Lancée en 1933, cette chemise s’inspire du joueur de tennis René Lacoste, qui, au cours d’un match, déconcentré par sa chemise qui l’empêchait d’adopter un mouvement libre, aurait découpé ses manches. Le polo moderne est né. Depuis, les maisons de couture ne pensent qu’à une chose : accompagner les sportifs, en faire leur nouvelle patte.
Les maillots se conçoivent pour faciliter le mouvement. La natation repense l’alliance du corps et de l’eau, jusqu’à inspirer les tenues de plage, passant du pyjama dans les années 1930 au bikini en 1946. Un premier pas vers l'émancipation féminine. Le vêtement de natation, prêt du corps, adapté pour une meilleure performance du corps en immersion, apparaît comme une innovation telle qu'aujourd'hui, certaines combinaisons sont vues comme un «dopage technologique». L’ère des Jeux Olympiques, née en 1896, inspire l’idée des costumes officiels. La couleur et le logo sont alors les nouveaux mots d’ordre dans la mode sportive, distinguant les équipes nationales et locales. En somme, le vêtement spécialisé devient indispensable à la pratique sportive. Un avènement au cours duquel, tel un Lacoste, Pucci ou Missoni, les sportifs deviennent stylistes.
De la salle de sport à la rue
La quête du confort est devenue l’enjeu central de la mode dans le monde sportif. Une quête incessante que les citadins finissent par adopter, laissant place au « sportswear ». Polos, baskets, joggings, casquettes et leggings sont désormais les incontournables du quotidien. On les porte pour acheter le pain, rester à la maison ou simplement se balader. La tenue de sport est devenue la tenue pratique au-delà du vestiaire et les couturiers l’ont compris. Aujourd’hui, aux côtés des marques 100% dédiées au sportswear comme Adidas ou Nike, des départements « sports » sont créés au sein même des grandes maisons de couture comme Jeanne Lanvin ou Jean Patou.
De la salle de sport aux podiums des défilés, l’influence de la mode sur le quotidien n’aura de cesse de surprendre.