Reconnaître les signes d’une intolérance au lactose
Causes, signes et adaptation, Madeleine Epstein, allergologue, nous parle de l’intolérance au lactose.
Si consommer des produits laitiers rend votre système digestif sensible et que vous soupçonnez d’y être intolérant, alors vous êtes au bon endroit. L’allergologue Madeleine Epstein nous guide pour mieux identifier une intolérance au lactose, et surtout, la distinguer d’autres intolérances similaires.
Différencier l’allergie de l’intolérance
L'intolérance au lactose n’est pas une allergie ! L’allergie est instantanée, et révèle (à la différence des troubles digestifs causés par l’intolérance), des éruptions cutanées, telles que des rougeurs ou eczéma sur la peau ; voire des difficultés respiratoires. « On identifie bien plus facilement la cause d’une allergie à celle d’une intolérance », puisque, à peine l’aliment digéré, celui-ci fait effet. À contrario, les signes d’une intolérance se manifestent dans les deux à trois heures suivant un repas, le temps de la digestion. Il est donc, dans ce cas, moins commode d’identifier quel aliment parmi ceux que l’on a mangé est la cause de ballonnements et maux de ventre.
Identifier l’intolérance au lactose
« Les signes de l’intolérance au lactose ne sont pas spécifiques »
Être intolérant au lactose passe par les maux de ventre, ballonnements, voire diarrhée. Seulement, « avoir des problèmes de digestion ne garantit pas que le lactose en soit la cause ». Pour tout comprendre, la majorité des intolérances alimentaires donnent ces mêmes types de symptômes, comme l’intolérance au gluten. « Il n’y a donc rien de spécifique qui permet de distinguer l'intolérance au lactose d’une autre. Ce n’est finalement que lorsqu’on s'aperçoit que manger des produits laitiers nous provoque des effets indésirables que l’on peut songer à cette éventualité. Pour en avoir le cœur net, il vous faudra adapter votre alimentation en cessant le lactose (et observer si les symptômes perdurent), sinon, « tout est au cas par cas, chacun supporte différemment le lactose ». En cas de doute, consultez un.e allergologue.
Pourquoi je suis sensible au lactose ?
« Le lactose est le sucre naturellement présent dans le lait. Dans le corps, celui-ci est digéré par une enzyme spécifique que l’on appelle "lactase" ». Chaque individu en contient naturellement plus ou moins dans son corps, selon s’il a grandi avec pour habitude de consommer des produits laitiers. Ceux ayant moins de lactase sont donc plus susceptibles d’être sensible au lactose, puisque le corps, en l’absence de cet enzyme, ne peut le digérer.
« Ne pas digérer le lait est un phénomène normal »
Une fois le bas âge passé, période où la consommation de lait chez le nourrisson est particulièrement élevée, « 80% à 85% de la population mondiale perd sa lactase », puisque la consommation de lait, n’étant plus si présente, diminue drastiquement. En somme, « les personnes les plus susceptibles d’être intolérantes au lactose ne sont pas celles qui n’ont pas l’habitude d’en consommer, mais celle qui, avec le temps, ont perdu cette habitude ».
Les degrés de tolérance au lactose
Il existe divers degrés de tolérance au lactose. « Moins votre corps contient de lactase, moins vous supporterez le lactose ». À vous d’identifier votre « degré de tolérance » au lactose en trouvant votre « zone de confort ». Adaptez donc les quantités de produits laitiers à votre capacité à le supporter, et vous saurez si vous devez complètement arrêter ou seulement ralentir votre consommation de lactose. « Pour identifier son degré d’intolérance au lactose, cherchez la dose maximale que vous tolérez : "est-ce que je supporte un morceau de fromage, un verre ou plutôt un demi-verre de lait ?" ».
Ne pas confondre l’intolérance au lactose de l’intolérance à la protéine de lait de vache
« Quel que soit le fromage, si vous ne le digérez pas, alors vous êtes intolérant aux protéines du lait de vache. Tandis que si vous supportez tout de même certains produits laitiers, alors vous êtes intolérant au lactose ». La raison ? Tout dépend de la teneur en lactose des produits laitiers. « Les fromages fermentés sont plus supportables car métabolisés. Le lait est transformé, ce qui diminue leur taux de lactose ».
« Plus le fromage est fermenté, moins il contient de lactose, et donc moins il y a de risques d’y être intolérant »
En exemple pratique, si vous ne supportez pas le lait, la crème fouettée ou les yaourts (dont le taux de lactose est très élevé puisque ces produits sont peu, voire non transformés), mais que vous supportez le beurre, brie, roquefort ou mozzarella (produits fermentés), alors vous êtes intolérant au lactose.
Peut-on apaiser ou soigner une intolérance au lactose ?
« L’intolérance au lactose est physiologique, il n’y a pas de traitement si ce n’est de stopper ou adapter sa consommation à son degré de tolérance »
« Si vous ne fabriquez plus d’enzymes (la lactase), vous ne fabriquez plus d’enzymes. Le seul moyen d’en finir avec une intolérance au lactose est de ne plus boire de lait ». Aujourd’hui, des industriels parviennent à créer du lait sans lactose, voire même, commercialiser de la lactase. Un moyen d’en « consommer en même temps qu’avec un laitage et ainsi optimiser sa tolérance ». Une fausse bonne solution toutefois coûteuse, alors qu’il est tout à fait possible d’opter pour des alternatives végétales (lait d’amande, yaourt et crème de soja, fromage végétal), sinon, « de manger des fromages fermentés même avec une intolérance (si celle-ci n’est pas trop importante) car le résidu lactose y est très faible ».